Cathédrale de Lausanne

Projet: Appel d'offre d'architecte en charge des études et travaux des prochaines étapes de conservation / restauration
Année de construction: XIIème - XIIIème siècles

2011 - 2011

Extrait de l'appréciation de l’état actuel de maintenance de la cathédrale

Statique:

Profil hydrogéologique et extension des formations aquifères sous la Cathédrale avec emplacement du tunnel Viret. Provenance CSD ingénieurs conseils SA

Les fissures dans les tours du massif occidental nécessitent une observation suivie.

Compte tenu de la nature des formations molassiques surmontées de sables aquifères dans le secteur de la cité, il faut relever le fait que le sous-sol sur tout le périmètre est jugé
particulièrement délicat par les spécialistes. Dans le cadre du forage du tunnel Viret pour le M2, les ingénieurs du bureau CSD (1) ont pu établir des sondages et analyses mettant en
évidence la nécessité absolue de maîtriser les conditions hydrogéologiques du secteur de la cathédrale.

La cathédrale est érigée sur une stratification de remblai, de limon peu sableux, de sable gravelo-limoneux, une moraine et un toit de molasse. Une grande partie de ce complexe est
aquifère. Selon les études des géologues, le battement naturel annuel peut dépasser 2 m. au nord de la cathédrale, tandis qu’il est de quelques dizaines de centimètres au sud.
Ces variations d’amplitudes doivent faire l’objet d’une surveillance, afin de garantir une homogénéité de la portance des sols sous les fondations.
En outre, compte tenu des fortes sécheresses consécutives depuis 2003, il serait utile d’évaluer les éventuelles corrélations entre fissures, tassements différentiels et régimes des eaux
souterraines.

Etat extérieur de l'enveloppe – Constat de visu

Contreforts nord et ouest, croisillon septentrional et tourelle d'escaliers hélicoïdaux. Provenance Atelier Féroé.

Les problèmes d’infiltrations d’eau pluviale et de remontées capillaires sont patents.
L'absorption d’eau sur les molasses très poreuses, peut entraîner des problèmes de modifications dimensionnelles de la structure des pierres taillées, de résistance, d'altération de la
teinte, de traces de rubéfaction, de gel et de rugosité. Cette humidité peut aussi engendrer des problèmes de dégradation liés aux déplacements de sels solubles et favoriser le
développement de micro-organismes induisant un processus d’altération des enduits, des badigeons et des décors.


La corrosion des tirants et ancres reliant les murs, provoquée par l’eau infiltrée et le contact avec l’air, est aussi susceptible de déstabiliser des parties d’ouvrage par gonflement des
clameaux et broches en fer doux insérés dans les lits d’appareillages. Par conséquent, les couvertures, les ferblanteries, les tablettes, les arases de murs et les joints doivent
impérativement faire l’objet d’un entretien, en raison des risques d'infiltrations sur les voûtes, dans les murs et la proximité des éléments de charpente. Des mousses et des traces d'humidité sont visibles à plusieurs emplacements.

Chevet : rampants des contreforts en phase avancée de désagrégation ; érosion très sévère sur les contreforts, les tablettes et les corniches sur tout le périmètre du chevet ; érosion
très marquée sur les ébrasements extérieurs à ressauts dont la plupart sont devenus concaves suite à la disparition de la modénature et consécutivement à de précédentes
campagnes de travaux.

Photo extraite de "La Cathédrale de Lausanne", SHAS, 1975 et photo de l'Atelier Féroé, 2011

Façades sud: la façade fortement exposée aux vents dominants et au soleil, présente des nombreuses traces de salpêtre sous la rose, attestant de fortes migrations de sel. Une
altération des blocs et des joints de la rosace sur le périmètre de la rose n’est pas exclu. Le problème de l’écoulement des eaux est récurent et non résolu.

Portail occidental, état vers 1880, extrait de "La Cathédrale de Lausanne", SHAS, 1975 et photos de l'Atelier Féroé, 2011

Portail flamboyant d'Aymon de Montfalcon, construit dès 1515 et continué longtemps après son décès en 1517. La structure à l'exception des décors, fut peut-être construite par les
maçons J. Contoz et F. Magyn. Pas encore achevé en 1532, les travaux sont interrompus par la réforme. Dans la publication de SAHS, on lit que l'évêque Sébastien de Montfalcon,
neveu d'Aymon fait encore extraire du grès des Côtes de Montbenon en 1532. Restauré de 1768 à 1774. Refait à neuf par Raphaël Lugeon dès 1892, jusqu'en 1909. Les statuettes qui
se trouvaient dans les voussures se trouvent au dépôt lapidaire. Celles qui se trouvaient au sommet du portail sont actuellement dans la Cathédrale. A la fin du siècle passé la plupart
des niches accueillirent de nouvelles statues réalisées par R. Lugeon. cf: publication SAHS, la Cathédrale de Lausanne, 1975, p. 202 à 206.

Déontologie de la conservation et la restauration

Le concept de déontologie de la conservation et la restauration repose sur une attitude de respect absolu des diverses chartes en matière de conservation du patrimoine, dont la charte de Venise, élaborée en 1964. La priorité est donnée à la conservation du patrimoine sous forme d'études, inventaires et analyses dans le but d'une conservation maximale de la substance historique et prioritairement originelle. Le but ultime serait l'interruption du processus de dégradation, la pérennisation, l'entretien et enfin la revitalisation de l'ouvrage. Les interventions doivent être claires, lisibles et / ou réversibles.

Déroulement des études, équipe pluridisciplinaire, commission technique

- Analyses historiques - Archéologie du bâti - Examen d’archives - Datation.
- Photogrammétrie - Lasérométrie - Relevés - Numérisation - Plan de relevé - Prises de vues.
- Analyse de l’état physique du bâti sous l’angle statique = vérification des structures – sondages et évaluation de tous les éléments structurels bois / aciers / pierre
- Analyse thermodynamique du bâtiment - Concept énergétique = étude pour le contrôle de la ventilation et de l’humidité = ventilation douce / récupération de
chaleur / pompe à chaleur / isolation en toiture. Aspiration à la norme « objet Minergie classé monument historique » = étude d’impact sur les installations
techniques.
- Dendrochronologie - Stratigraphie - Analyses pétro-physiques - Sondages destructifs et non destructif – Laboratoire d’essai des matériaux – Tests « in situ ».
- Analyse des joints, des divers types de pierres et des fers dans les lits d’appareillages, des tuiles, des enduits, des badigeons, des décors et des boiseries.
- Etudes comparatives – Documentation – Recherche – Consultation d’expert – Visites de chantiers similaires.
- Documentation – Avant – Pendant – Après travaux – Elaboration d’un concept d’archivage de données.
- Elaboration cahier des charges - Différenciation volet travaux urgents et travaux seconde étape et élaboration d’une stratégie pour les travaux de conservation entretien.

Déroulement des travaux, corps d'états:

- Avant-projet & projet - Sécurité occupants et passants - Chiffrage coûts - Calendrier - Soumissions - Etapes - Mise en oeuvre.
- Privilégier le recours aux méthodes et techniques traditionnelles, le coup d’outil du tailleur par exemple, ainsi qu’aux moyens technologiques les plus récents.
- Emploi de matériaux respectueux de l’environnement et de l’objet construit : chaux aérienne, colles végétales ou animales, liants naturels, siccatifs naturels.
- Examen critique sur certaines techniques qui n’ont pas encore fait toutes leurs preuves
- Privilégier les ragréages - Restreindre les remplacements de pierre - Résoudre impérativement les problèmes de l’écoulement des eaux et des remontées
capillaires. Travaux de ferblanterie, gouttes pendantes, larmiers, etc…
- Examiner la possibilité d’employer des badigeons de protection à base de chaux aérienne et silicate de potassium, sous forme de lasure ou couvrants