Temple de Chêne

Projet: Restauration complète

Classement cantonal: MSc 44 ACE du 30.12.21
Classement fédéral: PF 809 du 31.12.59
Année de construction: 1758

2005 - 2008

RESTAURATION DU TEMPLE DE CHÊNE

Cette restauration a débuté à l’issue d’un concours lancé par la Fondation pour la conservation des temples genevois, en mai 2004. La demande portait sur une opération de sauvegarde urgente en raison de graves désordres statiques sur l’enceinte de l’édifice. L’enjeu était aussi de faire coïncider la fin des travaux avec le 250 ème anniversaire du temple, fin 2008. Parallèlement aux études, nous avons effectués des recherches avec Mme I. Brunier, historienne et M. B. Reymond, prof. à l’université de Lausanne, sur l’histoire du temple et sur les rares temples elliptiques. (Chêne Pâquier, 1667 ; La Chaud-de-Fond, 1794 ; Saint-Sulpice, 1821).

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Ce projet a nécessité une recherche approfondie sur le temple de Chêne et sur les transformations successives de 1758 à 1986, date de la dernière rénovation partielle. Parallèlement, des relevés précis, des plans et des analyses ont été élaborés. La rénovation complète des installations techniques a été faite avec le concours de nombreux experts cvse, acoustique, sonorisation, domotique, ingénierie, géotechnique, restauration de peinture. Les études ont débuté le 01.02.05 et le chantier le 22.03.07 et a été terminé le 28.11.08, date de l’inauguration officielle. En marge de cette restauration, une publication a été faite, ainsi qu’une exposition. La restauration de l’édifice a été supervisée par M. B. Zumthor, conservateur et par Mme S. Nemec-Piguet, conservatrice cantonal.

  • Carte postale env. 1898 - Prov. CIG
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HISTOIRE ET ARCHITECTURE

Etudes de traçés régulateurs - Dessin Féroé architectes – Base, relevés CF & NSA la suite du traité de Turin du 3 juin 1754, entre Genève et le Duc de Savoie, la paroisse dut abandonner son temple qui se trouvait sur la rive gauche de la seymaz, nouvelle frontière entre Genève et la Savoie. J.-L. Calandrini, mathématicien-physicien, établit alors les plans d’un nouvel édifice de forme elliptique, précédé d’une façade droite occupée sur toute la largeur d’une colonnade toscane. Un clocheton sur plan octogonal, avec toiture à l’impériale, s’élève au-dessus du toit de la nef.

TRAVAUX EXTERIEURS

Fissures constatées en 2003 – Photo CFSuite à d’importantes fissures constatées sur les façades, des mesures effectuées entre 2001-03 ont mis en évidence des tassements différentiels de l’assise des murs. Dans le courant de l’année 2004, une confortation de la façade, côté nord-ouest, a été réalisée par injection de résine expansive. D’après les examens, le sol s’était tassé suite aux sécheresses consécutives de 2001à 2003. Un mur souterrain a été bâti afin de faire barrage aux racines des chênes bordant le chemin Louis Segond. Selon les relevés établis avant et après travaux, il est apparu que le mur N-O qui était descendu de 20mm, a retrouvé sa position initiale grâce aux injections.

  • Fissures constatées en 2003 – Photo CF

Confortation des fondations et des murs – Réfection extérieure complète

En 2007, deuxième phase d’injection de résine expansive sous les fondations sur tout le périmètre de l’enceinte. Un second barrage contre les racines a été réalisé côté nord-est.

  • Injection de résine (jetting) sous les fondations sur tout le périmètre de l’enceinte. Un second barrage contre les racines a été réalisé côté nord-est.
  • Picage des façades, colmatage des fissures et consolidation des murs. Crépissage avec un mortier de chaux hydratée et sable de Trélex, finition lissée à la truelle.
  • Taille de la pierre sur la façade principale, les encadrements de fenêtres et les cordons. Sur la façade principale, curage de 500 ml de joints ciment datant des années 50 et 80, ceux-ci étant à l’origine de détériorations importantes dues au gel.
  • Réfection des joints des pierres de taille avec un mélange de chaux hydraulique, hydratée et sable fin de Sézegnin. Quelques remplacement de blocs de grès et de pierre de Morlay sur les encadrements de fenêtres, sous le portique et sur les cordons.
  • Restauration de la calade en tête de chat sous le portique, datant de 1758.
  • Réfection des menuiseries extérieures et des peintures émail.
  • Sous le portique, décapage et restauration du banc en sapin et traitement à l’huile. Ce bancs est le dernier d’une série de trois commandés en 1762 à Henri Aubert, charpentier.
  • Sur le clocher, remplacement du système de mise en volée par un système rétro-lancé pour ménager la charpente, les cloches placées en 1901 ayant doublé de poids par rapport aux cloches d’origine.
  • Résolution de problèmes d’électrolyse sur le clocher. Traitement de la corrosion décapage et brunissage de la toiture du clocheton. Réfection des 3 girouettes, travaux de ferblanterie et de couverture (partiel) sur le toit de la nef et du portique.
  • Révision complète de la couverture et de la ferblanterie. Bien que la couverture soit fragile en raison de l’état des tuiles anciennes, ces deux postes ont été moins touchés dans le mesure où ils ont fait l’objet d’une rénovation en 1986. Corrections des divers défauts que le recul des années avait mis en évidence. Larmiers insuffisants, gouttes pendantes inexistantes, etc...
  • Reconstitution d’un cadran monumental à partir des photos d’époque, en remplacement du cadran des années 70 qui était en aluminium éloxé. Confection en acier inox émaillé au four, chiffres embouti confectionnés à la main et doré à la feuille d’or 24 carats, aiguilles d’origine dorées à la feuille d’or.
  • Portes extérieures traitées avec des huiles de lin et de carnauba additionnées de siccatifs (cobalt). Fenêtres lasurées et verres remplacés par du verre colonial soufflé à la main (commande spéciale à Saint-Gobain), épaisseur 4 mm.
  • Restauration complète des vitraux situés dans les escaliers hélicoïdaux. Démontage et remplacement des plombs.
  • Révision des installations contre la foudre.
  • Réfection complète de l’éclairage de ville.
  • Réfection de l’esplanade.

TRAVAUX INTERIEURS

La restauration du temple de Chêne a été conduite avec un souçi de préservation maximale de la substance originelle. En particulier pour le mobilier, la chaire, les boiseries, les enduits et les peintures. Ces travaux ont été réalisés après de nombreuses recherches et essais, essentiellement avec des matériaux et des méthodes spécifiques à celles du 18 ème siècle, époque de la construction du temple.

Les détériorations sur les revêtements intérieurs, sur le plafond de la nef et la sous face de la galerie, ont impliqué de restaurer en profondeur l’intégralité du contenant et du contenu de l’édifice. Par exemple, consécutivement aux tassements des fondations, les volumineux corps de moulures fixés au plafond de la nef situé à 9.20 m. du plancher menaçaient de s’effondrer. La galerie devait aussi impérativement faire l’objet d’un contrôle statique sur tout le périmètre. Dès le début des études, un programme d’interventions a été élaboré avec pour priorité absolue la préservation maximale de la substance originelle. En outre, ces travaux de restauration ont été réalisés après de nombreuses recherches et essais, essentiellement avec des matériaux et des méthodes spécifiques à celles du 18 ème siècle, en particulier sur le mobilier, la chaire, les boiseries, les enduits, les peintures, mais aussi sur les éléments de maçonnerie, la pierre de taille et la charpente.

Les tailleurs de pierre, les ébénistes et les peintres se sont heurtés à de grosses difficultés inhérentes non seulement à la géométrie du lieu, mais aussi à cause des matériaux employés lors des rénovations précédentes. En effet, à l’instar des dégâts résultant de l’emploi excessif du ciment sur les éléments en grès et en molasse, les éléments dans la nef n’ont pas été épargnés. Les crépis ciment, les peintures synthétiques sur les murs, le mobilier et les boiseries, les vernis, les colles polyuréthanes et les assemblages vissés sur les bancs, tous ces matériaux employés depuis le début du siècle dernier aux années 80 ont nécessité plusieurs mois de travaux de décapage et de purge. C’est seulement après cette opération de « dérénovation » que les travaux de restauration ont pu commencé avec des matériaux naturels existants au 18ème siècle, lesquels ont systématiquement été privilégiés.

  • Réparation de 220 ml de bancs et rapiéçage d’environ 400 pieds pourris par l’humidité. Nombreux flipots sur tous les bancs d’origine. Consolidation, injection de colle de poisson dans les boiseries murales et les bancs, réfection des assemblages à la colle d’os et de poisson. Réparation des assemblages tout bois. Décapage des vernis et traitement de toutes les boiseries à l’huile durcissante à base de lin, de colophane et de siccatifs.
  • Décapage des gardes corps en tilleul situés sur la galerie, lesquels ont été peint à trois reprises avec une peinture à l’huile imitant vaguement le noyer très riche en plomb. Traitement à l’huile durcissante de tous les bois.
  • Restauration de la galerie pouvant recevoir jusquà 120 personnes.
  • Inspection et restauration de la charpente des combles et de la galerie dans la nef et sous l’orgue. Réfection des planchers sapin.
  • Restauration des boiseries murales et de tout le mobilier lithurgique et traitement à lhuile durcissante.
  • Réparation des bancs poutres sur et sous les deux galeries.
  • Décapage de toutes les surfaces murales et plafonds. Suppression des couches synthétiques.
  • Réfection des corps de moulures, consolidations des fonds, colmatage des murs et des plafonds constellés de fissures et de micro fissures.
  • Entoilage, au calicot 100% coton et à la colle de cellulose, du plafond et du berceau de la galerie. Toiles grands formats de 21 m. x 5m.
  • Enduit ép. 3 mm à base de chaux hydratée et de poudre de marbre, sur les murs décapés, pour consolider les fonds et uniformiser les surfaces fissurées. Peinture des murs à la brosse avec un mélange de chaux de fosse et poudre de marbre.
  • Peinture organo-sillicate sur les plafonds.
  • Reconstitution des décors peints faux noyer disparus en 1957.
  • Harmonisation des teintes à partir de la chaux de fosse blanche légèrement cassée.
  • Emploi exclusif des essences mélèze et noyer selon les matériaux originels pour les boiseries, le mobilier, les portes.
  • Contrôle statique et consolidation des éléments de charpente toiture et galerie
  • Relevage du plancher de la galerie. Restauration complète de la charpente et réfection du plancher. Sondage systématique de la poutraison. Reconstitution des têtes de poutres encastrées dans le murs, détruites par la pourriture cubiques. Sur 16 encorbellements en cadres de chiffre, 10 pièces ont été restaurées. Insertion d’une gaine de reprise d’air vicié.
  • Contrôle de la charpente des combles et du clocher. Traitement fongicide et xylophages. Restauration de plusieurs solives de 12 ml.
  • Revêtements de sols dans la nef. Séchage contrôlé des chapes, application d’une résine, collage d’un parquet mélèze 3 plis, ép.15 mm, brossé et huilé. Les lames posées en pont de navire ont été coupée à la scie numérique de façon à épouser la forme circulaire et concentrique des gradins.
  • Sur la scène revêtement avec des dalles grands formats 77cm x124,50 en calcaire beige du Vernay, ép. 30 mm. finition bouchardée.
  • Relevage complet de l’orgue. Intégrées dans le buffet en noyer datant de 1930, les orgues actuelles sont conçues dans l’esprit classique français et permettent de jouer un vaste répertoire profane et religieux grâce à 29 jeux, 2201 tuyaux, 3 claviers et un pédalier.
  • Détails de parquets - Repose des bancs. Les nez de marches le long des allées sont conçus en éléments assemblés à l’onglet dans du noyer massif européen. Les bancs en noyer et sapin ont retrouvés leur place d’origine et ont été fixés au sol. Les archives et les traces dans le sol au moment des travaux, nous ont permis de retrouver l’état initial, tel qu’on le voit sur la photo de droite. A l’origine, il n’y avait qu’un « banc poutre » contre le mur prévu en cas de forte affluence et le dessin circulaire des gradins était complet jusqu’à ce banc poutre, au fond de la nef.
  • Les archives et les traces dans le sol au moment des travaux, nous ont permis de retrouver l’état initial, tel qu’on le voit sur la photo de droite. A l’origine, il n’y avait qu’un « banc poutre » contre le mur prévu en cas de forte affluence et le dessin circulaire des gradins était complet jusqu’à ce banc poutre, au fond de la nef; un linoléum recouvrant le sol en béton de 1907 et des boiseries d’origine recouvrant les murs; deux banquettes circulaires.
  • Les allées latérales complétées jusqu’au banc mural, soulignent l’ellipse du temple. Les boiseries murales ont été restaurées, huilées et la frise peinte à l’huile retouchée.
  • L’ergonomie de la contremarche en béton est améliorée et offre la sensation que les allées ont été élargies. Concernant les allées centrales, une dérogation a été obtenue après une longue négociation avec la Police des constructions pour les maintenir selon leur largeur d’origine, 50 cm. Le cas contraire aurait impliqué de couper tout les bancs jusquà obtenir 120 cm.
  • La chaire surmontée d’un abat-voix date de la construction de l’édifice. Elle est en stucco forte, mélange de plâtre, de chaux et d’agrégats. Elle a été peinte à l’origine avec un décor imitant le noyer. L’escalier en noyer massif, très endommagé par l’humidité du sol, a été partiellement démonté et restauré. Après avoir rhabillé quelques éclats de stuc, les décors ont été nettoyés et quelques lacunes chromatiques comblées. L’abat-voix a été habillé de panneaux décorés d’une marqueterie en noyer.
  • Restauration des vitraux donnant sur les escaliers à vis et remplacement des plombs.
  • Dans la nef, sur les fenêtres en chêne datant de 1907, remplacement de tous les verres cathédrale teintés vert et posés en 1957, par du verre « originel » soufflé selon les techniques du 18ème, à la main. Commande spéciale en 4 mm d’épaisseur pour une légère amélioration phonique et une plus grande solidité.
  • Remplacement des portes de sas en moleskine, datant de 1957. Réalisation de portes monumentales en noyer massif, qui selon les archives devaient se trouver à ces emplacements. Construction à panneaux sur les deux faces incorporant une isolation fibre et idikell et des joints d’étanchéité. Assemblages traditionnels avec larges côtes, dimensions la. 2 m x .ha. 4 m.
  • Confection sur mesure d’un cache lumière en plâtre, de forme elliptique selon le plan de la nef, pour intégrer l’éclairage au xénon sous la voûte de la galerie.
  • Installation de stores commandés par l’AMX sur toutes les baies. A l’origine le temple était équipé de rideaux contre l’excès de soleil.
  • Remplacement du cadran de l’horloge. Confection d’un nouveau cadran et de chiffres romain en acier inox doré à la feuille.
  • Rénovation – transformation du système de mise en volée. Jougs et battants rétro-lancés pour soulager la charpente du beffroi.
  • Restauration complète de l’horloge de 1846 et du local dans lequel elle se trouve.
  • Confection de 3 gabarits d’une tonne et demi chacun. Découpage en cube du dallage datant de 1907 et démolition des gradins circulaires.
  • Assainissement du fond à -120cm, injections intérieures périphériques, drainage, apport de tout-venant, pose de conduits de ventilation isolés.
  • Confection d’un dallage en 13 secteurs indépendants pour les dilatations, d’une isolation en verre cellulaire et d’une étanchéité bi-couche. Exécution d’un dallage incliné, englobant les conduits de ventilation.

Dallage – Gradins – Assainissement du fond

La reconstitution des gradins à l’identique a exigé une précision millimétrique. Les travaux ont débuté avec la dépose de 220 m. linéaires de bancs curvilignes. Soit 30 bancs de longueurs et de courbures différentes. Ce mobilier répertorié, numéroté, démantelé et rangé au garde meuble a été soigneusement restauré par des ébénistes. Certains bancs font plus de 9 m.

L’installation de chauffage fonctionne au gaz. La température ambiante est maintenue à 12° avec la circulation d’eau et une augmentation progressive est faite avec de l’air pulsé de manière totalement inaudible (max 34db). La pulsion d’air chaud peut se faire à 2 vitesses par les utilisateurs via l’écran tactile wireless AMX. Pose d’un chauffage en serpentin sur toute la surface de la nef. Pose d’un réseau de ventilation isolé distribuant 34 bouches de diffusion d’air chaud dans les allées. Ce système est totalement imperceptible. Confection d’une dalle-chape armée, mise en forme de gradins à l’aide des 3 gabarits.

Parallèlement, une rénovation complète des installations techniques devenues obsolètes était nécessaire, ainsi qu’une mise aux normes des équipements de sécurité. La conception de ces installations a été développée de façon à diminuer leur impact visuel sur l’architecture, afin de rendre à la nef sa simplicité et son dépouillement formel. De fait, aucune grille de ventilation et aucun corps de chauffe ne sont perceptibles dans la nef et les appareils électriques sont réduits au strict minimum. Les installations de chauffage- ventilation double flux sont dotées d’un système de récupération de chaleur et de contrôle de l’humidité permettant ainsi d’augmenter de manière significative le confort et le rendement.

La gestion des diverses installations est aussi facilitée grâce à un écran tactile AMX sans fils permettant de commander à partir de n’importe quel emplacement dans le temple, le chauffage, la ventilation, les cloches, l’éclairage, la diffusion de musique, l’amplification de la parole, l’enregistrement de cérémonies et de cultes, la projection d’images, la fermeture des stores en toile.

Les équipements audio-visuels permettent une utilisation polyvalente, non seulement en rapport avec le culte et la religion, mais aussi avec la culture, la musique et la communication au sens large. Des expertises acoustiques ont été faites et la sonorisation a été spécifiquement étudiée pour optimiser l’intelligibilité de la parole. Des enceintes DSP (digital signal processor) ont été installées, ainsi qu’une boucle inductive pour malendants.

La forme elliptique du temple a passablement complexifié les interventions, tant pour l’élaboration des plans et des études, que pour la réalisation des travaux qui se sont avérés être un vrai défi notamment pour les maçons, les ébénistes, les plâtriers et les parqueteurs.