Chapelle de l'Oratoire
Projet: Restauration complète
Maître de l'ouvrage: Paroisse de l'Oratoire
Année de construction: 1833 -1834
Inscription à l’inventaire: MS-i VGE 6 par ACE du 04.04.1986
2013 - 2018
La Chapelle de l'Oratoire
Edifiée en 1833-1834 par l’architecte français, Jacques Louis Brocher pour la Société Évangélique, aujourd’hui Église Évangélique Libre de Genève. Situé dans la zone protégée de la vieille-ville de Genève, l’édifice est construit sur un plan basilical, tronqué sur la façade ouest, laquelle suit l’irrégularité de la parcelle.
Le maillage particulièrement resserré, induit par le parcellaire médiéval, nous présente la façade principale de l’édifice perpendiculairement à la rue. Le manque de recul ne nous permet pas de voir la totalité de l’édifice.
De la rue Tabazan, la chapelle semble occuper tout l’espace de la parcelle, néanmoins on y trouve une belle cour intérieure, véritable patio offrant un espace accueillant pour les fidèles. L’accès à la parcelle se fait du côté de la rue Tabazan par deux entrées.
Situation
Le plan cadastral de Billon réalisé au début du XVIIIème siècle, met en évidence les limites du parcellaire. Nous distinguons déjà le parallélogramme qui forme la parcelle telle que nous la connaissons aujourd’hui. Cet espace est dévolu à une terrasse avec une construction en fond de cour, un petit jardin à l’extrémité gauche. Un siècle plus tard, le plan Céard remis à jour, montre l’Église dans ses proportions actuelles. Ce plan nous fournit plus de précisions sur les passages, notamment les cages d’escaliers colorées en rouge. On distingue un escalier balancé sur la gauche et un escalier droit sur la droite.
Historique
- 1831 : Louis Gaussen fonde la Société Evangélique.
- 1832 : Acte du notaire Jean-Marc Demole : « un mas limité au midi par la rue Tabazan ». « Une parcelle avec un bâtiment ancien et un autre démoli ».
- 1833-1834 : Édification de la Chapelle par l’architecte Jacques-Louis Brocher (1808-1884) pour la Société Évangélique, aujourd’hui « Église Évangélique Libre de Genève ».
- 1834 : 9 février, inauguration de la chapelle.
- 1849 : La chapelle de l’Oratoire devient la Paroisse de la nouvelle Église de la Société Évangélique Libre de Genève.
- Fin du XIXème siècle : première restauration par l’architecte Antony Krafft. Remplacements des colonnes inférieures en bois en colonnes de pierre provenant de Soleure (pour des raisons de statistique).
- Début du XXème siècle : Nettoyage et modifications intérieures initiés par le pasteur Paul Pettavel.
- 1934-1930 : Restauration considérable par l’architecte Edmond Fatio (1871-1959), travaux d’hygiène et d’aération, reprise complète du plafond de la grande voûte et restauration des immeubles sur cour.
- 1985 : Sondage des peintures de la Chapelle par le CREPHART sur l’initiative de Monsieur Nierlé, conservateur des monuments et des sites et l’Atelier d’architectes Edmond Desjacques.
- 1994 : Réhabilitation de la cour intérieure.
L'oratoire dédié à la Prédication est lié au renouveau protestant, appelé Réveil qui se diffuse en Suisse, à Genève son foyer principal, puis en France au début du XIXème siècle.
Parmi les citoyens éminents attachés à l’Oratoire, notons Henry Dunant, fondateur de la « Croix-Rouge », qui faisait partie de ces vocations du « Réveil ». Une plaque commémorative nous rappelle que la chapelle a été le point de départ de la première mission internationale de secours aux militaires blessés, le 29 juin 1859, trois ans avant la parution de « un souvenir de Solférino » de Henry Dunant, cinq ans avant la première Convention de Genève.
Architecture
Le plan basilical de la Chapelle s’oriente selon l’axe nord-sud. La parcelle irrégulière donne au plan de la chapelle une forme asymétrique.
Ce plan montre une organisation tripartite indiquée par les portails : Une nef centrale sur toute la hauteur, deux collatéraux plus étroits surmontés d’une galerie. Deux niveaux de colonnes, celles du rez-de-chaussée supportant la galerie, celles du premier niveau supportant la voûte en plein cintre. Malgré les difficultés dues à l’irrégularité de la parcelle, l’architecte Brocher s’est efforcé de dessiner une composition symétrique.
Élévation extérieure
La nef centrale s’ouvre sur une abside hémisphérique où se dressait la chaire encadrée des stalles ; les deux nefs latérales comportent deux niveaux, en haut une galerie de bois supportée par des colonnes doriques. D’autres colonnes plus petites les reprennent en écho et soutiennent la voûte en berceau qui recouvre la nef centrale. Il semble d’après certains dessins, que l’abside prenait le jour par le haut, ce qui provoquait un éclat de lumière assez théâtral sur le chœur, aujourd’hui anéanti par l’éclairage zénithal. Les deux petites portes latérales de l’entrée principale n’ont jamais été réalisées.
La façade côté rue, se compose d’une grande verrière centrale et deux baies latérales plus petites, reflet du système intérieur tripartite. Cette première réalisation architecturale présente un caractère d’ambiguïté stylistique. D’une part une disposition intérieure qui utilise des motifs classiques, comme les colonnes doriques, le dessin de la balustrade en bois, etc….d’autre part une enveloppe qui empreinte un langage différent, inscrit dans la simplicité romane. La façade de l’Oratoire est d’une extrême simplicité : la verrière est flanquée de deux plus petites baies en plein cintre, disposition qui reflète l’organisation intérieure tripartite.
Élévation intérieure
L’intérieur de style-néoclassique du temple, se caractérise par sa voûte à caissons en berceau, supportée par une colonnade sur deux niveaux, d’ordre dorique, entourant la nef et délimitant les bas-côtés et la galerie supérieure.
L’architrave est ornée d’une frise avec décor de palmettes. Autrefois deux apports de lumières supplémentaires, aujourd’hui obstrués, éclairaient le fond de l’abside. La lumière a plusieurs sources ; elle provient d’une part du toit, la lumière zénithale, et de manière naturelle par les baies en plein cintre au fond de la nef éclairant le rez-de-chaussée et la galerie, ainsi que les autres ouvertures latérales.
Restaurations et transformations
Première phase de restauration : Antony Krafft
La première restauration fut l’œuvre de l’architecte Antony Krafft à la fin du XIXème siècle, les colonnes intérieures en bois qui soutenaient les galeries ont été remplacées pour des raisons de stabilité architecturale par des colonnes en pierre provenant de la ville de Soleure. Au début du XXème siècle, il y eut un nettoyage et une décoration intérieure dont l’initiateur fut M. le pasteur Paul Pettavel.
Deuxième phase de transformation : Edmond Fatio
Les réfections les plus importantes eurent lieu entre les années 1924 et 1930 sous la direction de M. Edmond Fatio, architecte. On effectua entre autres certains travaux d’hygiène et d’aération, on renouvella le plafond de la grande voûte, les immeubles sur cour furent également restaurés.
En 1994, l’Église Évangélique Libre de Genève entreprend des travaux de réfection de la cour de la chapelle. Le sol de gravier est remplacé par un sol dur constitué d’un pavage de pierres et dalles.
En 1995, un remplacement partiel des fenêtres des locaux de la chapelle de l’Oratoire est effectué selon un modèle traditionnel (petits bois structurels), ainsi qu’une réfection des baies formant le fond de cour par des traverses apposées de façon fixe.
Transformations intérieures
L’intérieur se caractérise par sa voûte en berceau à caissons, soutenue par une colonnade en bois sur deux niveaux, d’ordre dorique, entourant la nef et délimitant les bas-côtés et la galerie supérieure. La voûte rappelle le plafond de la Vor Frue Kirke de C.F Hansen à Copenhague (cathédrale - 1811-1829) ou celui de l’hémicycle du Palais Bourbon à Paris (Jules de Joly, 1828-1833), ou du projet de Boullée, pour la bibliothèque du roi à Paris. L’architrave est ornée d’une frise avec décor de palmettes.
La chapelle de l’Oratoire, lieu de culte réformé, se présente sous des dehors modestes. De style néoclassique, elle est particulièrement intéressante par la qualité de ses espaces intérieurs et de leur aménagement, de même que par sa disposition générale avec un accès latéral depuis un patio. Une réfection complète dans les années 1930 et une restauration en 1986, l’ont masqué de ses qualités historico-architecturales. Son état général actuel nécessite un certain nombre de travaux de restauration, en particulier des façades dont les pierre taillées se délitent.
Détériorations et restaurations
Toiture
Façades
Porche
Entrée
Cour
Travaux intérieurs
Plus d'informations
- Notice historique tirée du dossier sur la chapelle de l’Oratoire par A.M.N.R architectes, Philippe Renevier – Alexandre Micheli, 2001.
- Dossier d’inscription à l’inventaire du SMS, 1986.
- Leïla el Wakil, 'Architecture et urbanisme à Genève sous la Restauration', Genava, Tome XXV, 1977.
- Le 'Journal de Genève', 5 avril 1984.
- Le 'Centenaire de la Chapelle de l’Oratoire à Genève' – 1834-1934, notice éditée par l’église évangélique libre de Genève, 1934.