Tour d'Hermance
Projet : Restauration de la tour, mise en valeur et sécurisation
Maître de l'ouvrage: Eglise catholique romaine - Genève
Année de construction : 1318
Inscription à l’inventaire: MS-c60 du 30.12.1921
2024 - 2025
La Tour d'Hermance, un joyau médiéval en renaissance
La tour d’Hermance, dernier vestige du château du Bourg Dessus, occupe une place centrale dans le patrimoine architectural médiéval du canton de Genève. Intégrée autrefois aux remparts du bourg, elle fut érigée au XIVe siècle comme tour défensive et traversa les siècles en conservant son allure imposante, malgré les transformations et les aléas de l’histoire.
Mais au fil du temps, diverses transformations ont altéré sa structure intérieure. D’un dispositif défensif du XIVe siècle, fortement endommagé au 16ème siècle, elle est devenue un pavillon de jardin en 1817. Plusieurs rénovations ont été menées au XIXe siècle, puis en 1913-14, 1955 et 1977-79. Mais les effets du temps, du climat et des matériaux inadaptés ont accéléré la dégradation du bâtiment en le fragilisant.
Aujourd’hui, la tour se trouve dans un état de détérioration avancée. Une restauration en profondeur, notamment des parements en pierre, est devenue indispensable. Le projet de restauration prévoit une intervention respectueuse du patrimoine tout en intégrant les exigences de sécurité et d’accessibilité. Il vise à redonner vie à l’édifice en le préservant comme un témoignage unique à Genève de dispositif de défense du moyen-âge, et en l’ouvrant au public de manière didactique et sécurisée.
Etat des lieux
Située sur un promontoire surplombant le lac, la tour bénéficie d’un cadre spectaculaire, mais peu propice à la conservation de sa structure. Composées majoritairement de molasse du lac — une pierre locale poreuse — ses maçonneries souffrent des effets conjugués du vent et des intempéries, de l’humidité ambiante et de problèmes d’étanchéité.
Une dalle en béton armé réalisée en 1913 pour renforcer et étanchéifier la toiture-terrasse, a entraîné des infiltrations : l’eau s’écoule, ruisselle le long de la voûte sommitale et pénètre dans les pierres, les fameuses « molasses pleureuses ». Cette situation est à l’origine de la détérioration des parements. De nombreuses pierres sont manquantes ou érodées.
En raison des chutes de pierre, un périmètre de sécurité a été mis en place autour du bâtiment. L’accès aux étages est actuellement possible par les restes déstructurés de l’ancienne courtine, fragment de l’ancien rempart de l’ancien château d’Hermance du Bourg-Dessus, aujourd’hui disparu. L'absence d’éclairage intérieur et l’inadéquation des garde-corps au sommet rendent la tour inaccessible au public. Des analyses ont de surcroît révélé la présence d’amiante dans les mastics des joints de dilatation, nécessitant une intervention de désamiantage.
Plans par Archeotech
Relevés laserométriques et photogrammétriques par Archeotech
Travaux
Renforcement de la structure
Les murs seront assainis à leur base pour limiter les remontées capillaires. Les pierres manquantes, majoritairement en molasse du lac, fortement érodées seront remplacées par des blocs neufs de même nature. Les reprises en ciment réalisées au fil du temps, telles que les joints et ragréages, seront supprimées car elles empêchent la molasse de respirer et accélèrent sa dégradation. Ces reprises faites avec du ciment, seront remplacées par un mortier de chaux en adéquation avec les caractéristiques minérales des blocs en molasses.
Taille de pierre
Réfection de l'étanchéité
L’étanchéité actuelle de la toiture-terrasse en béton présente des défaillances. Elle sera remplacée par une étanchéité végétalisée. Ce choix permet de limiter les surchauffes, les dilatations du béton, de ralentir les débits d’eau pluviale, tout en étant favorable à la biodiversité. Il apporte également un aspect esthétique au toit.
Les ouvertures resteront perméables à l’air afin d’assurer la ventilation des espaces intérieurs non chauffés. Des menuiseries en métal et en verre seront installées pour empêcher l’intrusion d’oiseaux ou d’autres nuisibles.
Mise aux normes et accessibilité
Les garde-corps non conformes seront remplacés ou restaurés pour répondre aux normes de sécurité. L’installation du courant fort permettra d’éclairer et baliser les escaliers et les accès. De nouvelles portes ajourées avec des carreaux au rez-de-chaussée seront installées, selon un dessin similaire aux portes qui existaient au début du 19ème et qui ont aujourd’hui disparu. Cela permettra de favoriser l’éclairage naturel au rez-de-chaussée.
Valorisation du site et projet didactique
Un nouvel éclairage mettra en valeur des panneaux pédagogiques retraçant l’histoire de la tour. Les murs du rez-de-chaussée seront utilisés pour accueillir des panneaux didactiques. Les éléments décoratifs en bois d’inspiration néo-gothique seront restaurés.
L’entrée historique de la tour sera mise en évidence par la suppression de l’allège en béton, remplacée par une menuiserie métallique laissant passer la lumière naturelle et offrant une vue sur l’extérieur.
Enfin, la toiture accueillera une couverture en laiton protégeant les arases en maçonnerie. Ce dispositif protégera les murs supérieurs contre l’érosion et sera équipé d’une chrographie permettant de retracer le contexte historique de la tour, et de mieux comprendre son rôle défensif. Les matériaux utilisés respecteront l’authenticité du site : pierres neuves identiques à l’existant, mortiers et joints à base de chaux naturelle.
Une tour tournée vers l’avenir
La Tour d’Hermance n’est pas seulement un monument à sauvegarder, c’est aussi un lieu à redécouvrir. Grâce à ce projet, elle retrouvera sa qualité architecturale et pourra accueillir à nouveau visiteurs, curieux et passionnés d’histoire. À la croisée du patrimoine et de la modernité, elle offrira une nouvelle lecture du passé... et un regard inspirant sur l’avenir.